KAPRALOVA Vitezlava

Vitezlava KAPRALOVA (1915-1940). Compositrice et cheffe d’orchestre. 

Peu de gens savent qu’une musicienne de première grandeur a été inhumée au cimetière Saint-Lazare de Montpellier. Vitezlava (dite Vita) Kapralova est née à Brno, capitale de la Moravie, le 24 janvier 1915, de parents musiciens. Elle révèle très tôt des dispositions exceptionnelles pour la musique, et commence à composer à l’âge de neuf ans. A quinze ans, elle entre, à l’insu de ses parents, au Conservatoire de Brno, où elle étudie la composition et la direction d’orchestre, puis poursuit son éducation musicale à l’Ecole Supérieure de Musique de Prague, de 1935 à 1937. Elle joue, en 1937, à la tête de la Philharmonie Tchèque, et en présence du président Bénès, sa Sinfonietta Militaire, qu’elle reprend à nouveau, à la tête de l’orchestre de la BBC.

Elle se rend ensuite à Paris, à l’Ecole Normale, où elle étudie la direction d’orchestre avec Charles Münch, puis, travaille avec Nadia Boulanger en 1940. Dans les années 1938-1939, elle noue une relation de maître à élève avec le compositeur tchèque Bohuslav Martinu,  qui entretiendra aussi une affaire sentimentale avec elle, et à qui elle inspirera le personnage de Juliette dans son opéra Juliette ou la Clef des Songes.

Début mai 1940, Vita, mariée depuis peu à Jiri Mucha, le fils d’Alfons Mucha, est hospitalisée pour des douleurs abdominales. Le 20 mai, elle est évacuée sur Montpellier par son mari, qui avait rejoint l’armée tchèque à Agde.  Elle est hospitalisée à l’hôpital Saint-Eloi où elle meurt le 16 juin, à l’âge de 25 ans, vraisemblablement d’un cancer de l’intestin ou d’une péritonite. Le 17 juin, elle est enterrée au cimetière Saint-Lazare. La plaque apposée sur la croix plantée sur sa tombe porte l’inscription suivante :

VITA KAPRALOVA

Compositeur de musique

Epouse de Jiri Mucha

24-1-1915 / 16-6-1940

Tant qu’il y aura au monde un être aimant,

Ton nom vivra sur ses lèvres.

 En novembre 1946, ses restes sont exhumés, et incinérés au Père-Lachaise, à Paris, puis ses cendres ramenées à Brno, où ses funérailles officielles sont organisées le 16 juin 1949. Ainsi se terminait prématurément le parcours terrestre d’une artiste qui était promise à être l’un des compositeurs les plus marquants du XXème siècle.

KapralovaLes photos de Vita Kapralova nous montrent une belle personne, une femme de petite taille, pleine de charme et de vitalité, qui de fait semble avoir séduit par son aura tous ceux qu’elle rencontrait.

Elle laisse une quarantaine d’opus, dont beaucoup sont toujours réédités et joués dans le monde. Outre la Sinfonietta Militaire, on retiendra April, Prélude pour piano (1937), Partita op. 20 pour orchestre à cordes et piano (1938/1939), Variations sur le Carillon de l’église St Etienne du Mont op. 16, ainsi qu’un recueil de mélodies sur des poèmes, entre autres de Jaroslav Seifert et Vitezlav Nezval, qui en font la parente tchèque du français Henri Duparc. Passionnée, la musique de Vita Kapralova participe à la fois du modernisme tchèque, de l’impressionnisme français, et de l’expressionisme allemand.

Au terme de cette brève notice, déposons sur la tombe imaginaire de Vitezlava Kapralova, ces vers qu’un autre musicien, Leos Janacek, dédia à sa Petite Renarde Rusée   :

…les hommes marcheront,

la tête inclinée

et comprendront

qu’une félicité qui n’est pas de la terre est passée par là.

M.T.