GIMET Louise Félicie

GIMET Louise Félicie dite « capitaine Pigerre » ou « capitaine Pierre ». Anarchiste repentie, Fille de Marie.  Née en 1835 à Roanne en Forez (Loire), décédée le 12 septembre 1893 à Montpellier. Fille de Louis GIMET et Marie VINCENT.

De l’enfance de Louise, nous ne savons rien, sinon que, ses parents établis à Lyon l’ont élevée dans la religion catholique et qu’elle garde une dévotion pour la Vierge Marie. Elle en fournit un jour, une preuve « frappante » : entendant un jeune Lyonnais parler grossièrement de Notre-Dame de Fourvière, elle se retourne et lui administre une gifle formidable.

En 1858, cette grande jeune fille à l’air décidé, au regard provocateur mène déjà une vie de désordres. Par curiosité elle se rend à Ars défier du regard l’intransigeant père Vianney dont on dit qu’il pénètre et devine les âmes. « Malheur à vous ! Vous ferez beaucoup de mal… » prédit-il. Peu après, devenue franc-maçon, liée à des garibaldiens, elle conçoit une aversion des prêtres, en particulier des Jésuites.

Pigerre

Le « colonel » Pigerre

Au mois de mars 1871, la Commune éclate. Louise Gimet est à Paris avec son compagnon l’ouvrier ébéniste de chez Pleyel, Pigerre, capitaine fédéré et membre de l’Etat-Major du « général » Dombrowski (1836-1871).  Elle participe aux combats sous le nom de « capitaine Pigerre ». Anarchiste, ardente, armée de fusils, vêtue d’un képi à trois galons, ceinture rouge, hautes bottes et grand sabre elle entraîne à sa suite un bataillon de jeunes femmes insurgées et armées qui se battent au cri de « Vive la Commune ». En avril 1871, l’archevêque de Paris, Mgr Darboy est arrêté, des prêtres, des religieux, des laïques, accusés de complicité avec les troupes versaillaises, sont jetés en prisons.

Le 21 mai, l’armée des fédérés entre dans Paris, la bataille se poursuit de barricade en barricade. Les 6 principaux otages sont extraits de la prison de la Grande-Roquette : Mgr Darboy, le président Bonjean, les abbés Deguerry et Allard, deux jésuites, les Pères Clerc et Ducoudray, sont alignés contre le mur. Le capitaine Pigerre demande à commander le peloton d’exécution et administre le coup de grâce à l’archevêque.

Mgr Darboy otage

Mgr Darboy otage

victimes de la rue Haxo

Les victimes de la rue Haxo

Louise Félicie Gimet, avouera plus tard avoir abattu ce jour-là 13 prêtres, et du 22 au 28 mai, pendant la « semaine sanglante », avoir  joué un rôle prépondérant dans le massacre de la rue Haxo : devant une maison où siègent les chefs de la Commune, elle déclenche l’exécution de 50 otages dont 24 ecclésiastiques parmi lesquels le père Pierre Olivaint. Ce religieux, qui sous l’uniforme devine une femme, lui aurait dit : « Madame, ce costume ne vous sied point. ». La résistance persiste mais les Communards sont massacrés au Panthéon et des civils exécutés pour en avoir hébergés. Au cimetière du Père-Lachaise, on combat à l’arme blanche entre les tombes : 147 communards sont fusillés au mur des Fédérés. Louise est prise les armes à la main sur une barricade.

C’est la fin de la Commune de Paris, la prédiction du Curé d’Ars s’est réalisée.

Louise Gimet condamnée à mort est transférée à la prison de femmes de Saint-Lazare avec la pétroleuse Louise Michel, condamnée à la déportation. Mère Marie-Eléonore, Supérieure de la Congrégation des sœurs des Prisons de l’ordre de Saint-Joseph, sauve Louise en lui obtenant un sursis et dépose dans sa cellule le recueil des sermons prêchés par sa victime, le R. P. Olivaint. Louise consent à réfléchir sur son passé et souhaite se rendre sur la tombe du Père.

Deux ans seront nécessaires à 35 conseils de guerre pour « juger » toutes les personnes arrêtées. Louise est grâciée, confiée à la surveillance des Soeurs de Saint-Joseph et transférée au refuge pénitentiaire de Doullens où sa conduite est exemplaire. La Mère, appelée à diriger le centre de la Solitude de Nazareth à Montpellier fondé par le Père Coural en 1842 pour recevoir les détenues libérées et les filles repenties, propose à Louise de l’y suivre.

Vers 1873, Louise commence une nouvelle existence de piété. Les sœurs aux voiles noirs soulignés d’un trait d’azur excellent aussi à l’ouvroir. Elles initient les filles repenties à des travaux de broderie et de lingerie… la rédemption par le travail est obligatoire dans l’établissement. Louise devient couturière. A l’amnistie de 1880, sa peine expirée, Louise demande à rester. Elle prononce ses vœux de « Fille de Marie » en 1890. Repentante et convertie, transformée à fond, l’ancienne Communarde porte la médaille de la Sainte Vierge ostensiblement sur son cœur, se fait remarquer pour sa dévotion : elle sollicite comme une faveur de ne pas quitter les mourants et leur parler jusqu’à la fin des divins pardons.

Sur son lit de mort, en 1893, on lui demande si elle a peur du jugement de Dieu, elle répond : « Je me suis jetée tout entière dans les bras de sa miséricorde. Qu’ai-je à craindre ?… ». Elle est inhumée au cimetière Saint-Lazare de Montpellier, sa sépulture a été reprise.

Sources : Historia N° 373 : « Félicie Gimet, la sainte criminelle » ; Jehanne d’Orliac, Que la lumière soit, ou Félicie Gimet (3 actes en prose).

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