BRET Paul-Louis

Paul-Louis BRET, journaliste, grand patron de l’information. Né le 26 septembre 1893 à Montpellier, décédé le 19 novembre 1972 à Boulogne-Billancourt. Fils de Paul Bret, négociant, et d’Isabelle Grégoire. Inhumé au cimetière protestant de Montpellier.

Après une licence de droit à Montpellier, il s’oriente vers le journalisme. Il épouse en janvier 1927 à Paris Madeleine Courtine, dont il a deux filles. Il rejoint en 1929 l’agence Havas dirigée par Léon Rollin, qui lui confie en 1930 le bureau de Londres, le plus important des postes de l’agence à l’étranger. Il a pour second Pierre Maillaud (le futur Pierre Bourdan), et Maurice Schumann au nombre de ses rédacteurs.

Il y acquiert une certaine notoriété en réalisant deux scoops importants : en juin 1933 il publie le mémorandum allemand secret de la Conférence économique mondiale organisée à Londres, document demandant un lebensraum pour l’Allemagne et révélant les intentions conquérantes d’Hitler ; en 1935 il révèle la teneur du traité naval anglo-allemand.

En 1940, il crée l’Agence Française Indépendante, dissidente, après avoir liquidé l’agence Havas de Londres, puis la confie à Pierre Bourdan.

Médaillon de Pierre Bourdan par G.C Revol (source www.pierrebourdan.fr)

Médaillon de Pierre Bourdan par G.C Revol (source http://www.pierrebourdan.fr)

Il soutient Pierre Comert dans le lancement du journal France, avant de reprendre sa liberté. Refusant de faire allégeance au gaullisme, il décide de rentrer en France, que sa famille n’a pu quitter dans l’hiver 1940. Mis en disponibilité avec un traitement nominal, il regagne Montpellier.

François de Rose, attaché au Gal Weygand, délégué en Afrique du Nord depuis novembre 1940, lui propose alors de les rejoindre à Alger. Réintégré dans l’OFI, agence de presse gouvernementale créée par Vichy pour opérer un contrôle de l’information à la source, PL.B. est nommé à Alger à l’été 1941. Pour donner au bureau d’Alger une prééminence sur toutes les agences nord-africaines, PL.B. le fait relier par un fil direct via Marseille au siège central de l’OFI, propose la création d’un réseau télégraphique et privilégie le rayonnement international, envoyant par exemple Philippe Soupault en Amérique pour évaluer les possibilités de distribution de l’information française.

Sa famille l’accompagne, mais sa fille Nicole meurt d’une leucémie à l’été 1942.

En novembre 1942, il crée l’agence libre France-Afrique. Il élabore dès 1943 un projet pour le futur organe d’information de la France libérée : le financement par le gouvernement lui assurant d’être maître de l’information, il propose de le remplacer par un financement par la nation, sous la forme de l’affectation d’un revenu national ou d’un impôt ; pour la forme, il propose de faire de cette agence une coopérative des quotidiens. Défenseur de l’impartialité de l’information et refusant sa transformation en propagande, il doit démissionner en mars 1944 au profit de Géraud-Jouve, directeur de Radio-Brazzaville et chef de la propagande gaulliste : les deux agences France-Afrique et AFI cessent d’être indépendantes pour former une seule agence d’État.

Après la guerre, PL.B. réprouve la transformation de l’Agence France Presse, créée par des résistants à la Libération, en établissement public : il souhaite un statut indépendant pour cet organisme, qui donnerait à chacun un droit à l’information. Il est le premier à affirmer « le droit au fait », et intervient en ce sens à la Conférence des Nations unies sur la liberté de la presse. Défenseur de la spécificité du travail d’agence, il est le héraut du glorieux anonymat de l’agencier, « bénédictin de l’immédiat qui ne saurait attendre de son devoir anonyme que la satisfaction de l’avoir accompli ».

PL.B. devient à nouveau correspondant de presse en Angleterre, avant d’être nommé en juin 1947 directeur-général de l’AFP, avec pour mission d’émanciper l’agence : il fait déposer deux projets de loi conciliant l’existence et la liberté de l’organisme. Mais trois ans plus tard, alors qu’il n’a pu mener cette tâche à son terme, il est poussé à quitter son poste.

En 1954, il reçoit le Prix de l’Académie française pour son ouvrage Information et démocratie et devient membre de la Commission de travail indépendante créée par le gouvernement Mendès-France pour doter l’AFP d’un statut d’indépendance : il y défend le droit à l’information et le financement par une taxe nationale ; il se retire de la Commission lorsqu’elle opte pour un financement de l’agence réparti entre la presse et l’administration, mais est dans l’ensemble favorable à un statut qui lui doit beaucoup, en particulier la conception d’un Conseil supérieur chargé de veiller sur les obligations fondamentales de l’AFP : indépendance, neutralité, fiabilité de l’information.

Décédé en 1972, il est inhumé à Montpellier au cimetière protestant.

La ville de Montpellier lui a rendu hommage en donnant son nom à un rond-point.

bret au feu des evenements

Publication : Paul-Louis Bret, Au feu des événements. Mémoires d’un journaliste Londres-Alger 1929-1944, 1959.

Sources : Jean Huteau, Bernard Ullmann, AFP une histoire de l’agence France-Presse 1944-1990, 1992. Hommage à Paul-Louis Bret, un grand serviteur de l’information (1893-1972), 1993. Christian Delporte, Denis Maréchal (dir.), Les médias et la Libération en Europe 1945-2005, 2006.

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