GALZY Jeanne

Jeanne GALZY, de son vrai nom Louise Jeanne BARADUC. Écrivain, née le 30 septembre 1883 et décédée le 7 mai 1977 à Montpellier. A choisi pour pseudonyme le nom de son arrière-grand-mère maternelle : c’est sous ce nom qu’elle est connue. Palmes académiques (1922), chevalier de la Légion d’Honneur (1932) et de l’Ordre des Arts et Lettres.

D’une famille de moyenne bourgeoisie, fille de Léon Baraduc (1850-1914), catholique, voyageur de commerce auvergnat puis mercier à Montpellier, et de Blanche Guillot (1856-1932), protestante, fille d’un lunetier originaire de Haute-Loire. Jeanne est élevée dans la religion de sa mère, baptisée en novembre 1884 par le pasteur Corbière.

Après le lycée de jeunes filles, elle devient en 1904 auditrice à la Faculté des Lettres, où les femmes ne sont qu’une poignée. Elle décide de préparer au lycée Fénelon à Paris le concours de l’École Normale Supérieure de Sèvres : elle y est reçue en 1907 sixième sur une promotion de seize élèves. Étudiante libre à la Sorbonne, elle est admise au C.A.P. à l’enseignement des lettres en 1910, puis à l’agrégation en 1911, mais ne prend pas de poste. Jeanne sera assez sévère sur ces années passées dans une Université « stoïcienne, kantienne et calviniste ».

Elle publie ses premiers textes poétiques en 1909, mais le directeur du Mercure de France, Alfred Valette, l’incite à se tourner vers la prose : elle écrit pour le théâtre, son premier roman, L’Ensevelie, paraît en 1912. À la mort de son père, elle revient à Montpellier pour maintenir avec sa sœur le commerce paternel, mais les débuts de la guerre ruinent l’affaire. Elle commence à enseigner pour faire vivre sa mère et sa sœur ; de 1915 à 1917, elle est la première femme professeur au lycée de garçons de Montpellier, expérience qu’elle évoque dans La Femme chez les Garçons (1919).

Atteinte de tuberculose osseuse, contrainte à l’immobilité, Jeanne voit sa vie basculer. Soignée à Palavas-les-Flots, à Paris puis à l’hôpital de Berck, elle raconte dans Les Allongés le quotidien des malades : couronné en 1923 du prix Fémina, ce livre lui apporte la notoriété. A la rentrée 1920 Jeanne peut reprendre ses cours au lycée d’Amiens, munie d’un corset en plâtre ; son roman Le Retour dans la vie se fait l’écho de ce qu’elle ressent, même si elle connaît des périodes de rechute. Mutée au lycée de Saint-Germain en Laye, elle enseigne jusqu’à sa retraite au lycée Lamartine à Paris. Personnalité parisienne désormais, elle collabore à de nombreux journaux et devient membre du jury du Fémina (1945). Mise à la retraite en 1943, elle revient à Montpellier pour des raisons financières. Elle est élue en 1970 à l’Académie des sciences et lettres de Montpellier.

Ses 28 romans font d’elle un témoin remarquable de l’histoire littéraire régionale (par son enracinement languedocien) et nationale. Roman sur les engagements pendant la Seconde Guerre mondiale, La Jeunesse déchirée (1952) raconte l’hésitation des catholiques et le rôle des protestants dans la résistance, symbolisé par la figure du pasteur Joussin.

Ses œuvres laissent transparaître une dimension religieuse. Elle écrit quatre biographies sur le 16e siècle qui l’attire pour sa spiritualité. Sainte Thérèse d’Avila (1927), prix de l’Académie Française, est le point d’orgue de son attrait, ensuite déclinant, pour le catholicisme et la vie monastique. Sceptique en matière religieuse, sans doute athée, J. Galzy a une conception toute laïque du monde. En 1965 elle honore Agrippa d’Aubigné, combattant au service du protestantisme. Mais c’est surtout sa tétralogie intitulée La Surprise de vivre (1969-1976), dont l’idée lui aurait été inspirée par le tableau de Frédéric Bazille Réunion de famille, qui montre son lien avec le protestantisme. Cette saga, apogée de sa carrière littéraire, rapporte la décadence entre 1890 et 1930 d’une famille de la bourgeoisie protestante en butte à la guerre et aux courants sociaux. Les personnages se libèrent du rigorisme bourgeois sous l’influence de la société extérieure et de leurs passions, notamment les personnages féminins. C’est d’ailleurs pour cet aspect de son œuvre que J. Galzy est aujourd’hui qualifiée de féministe ou considérée comme un écrivain de référence par les milieux homosexuels.Jeanne GALZY tombe Galzy

Décédée à 93 ans, enterrée au cimetière protestant de Montpellier, elle avait légué la villa familiale à la Ligue contre le Cancer, maladie dont est morte sa sœur Berthe  BARADUC (1889-1961), auteur de livres pour enfants. Le pillage de la villa a malheureusement causé la disparition de ses manuscrits inédits. Trois lieux portent son nom à Montpellier : une impasse, un foyer de personnes âgées et un bâtiment de l’Université Paul-Valéry.

Couverture du livre de Raymond Huard

Couverture du livre de Raymond Huard

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