BERARD Frédéric Joseph

Frédéric Joseph Bérard (1789-1828). Médecin et philosophe. Né le 8 novembre 1789 à Montpellier, décédé le 16 avril 1828 dans sa ville natale. Célibataire. Fils légitime de Pierre Jean BERARD, avocat montpelliérain, et d’Elizabeth DE MADIERES qui finit sa vie à Lodève après la mort de son mari.

Joseph Frédéric Bérard,
lithographie par Boehm & fils (Source : Dictionnaire biographique de l’Hérault, Flammarion 1904)

Joseph-Frédéric BERARD, né le 8 novembre 1789 à Montpellier, suit dans ses jeunes années une étude solide des langues classiques qui ont su l’entrainer vers une réflexion philosophique. Fils d’avocat, c’est dans un cadre aisé qu’il évolue autour de sa volonté de se spécialiser dans l’art de guérir.

Il se destine alors rapidement à la médecine et est reçu docteur en 1811, à peine âgé de 21 ans, avec sa thèse intitulée : Plan d’une médecine naturelle, ou la Nature considérée comme médecin, et le médecin considéré comme imitateur de la nature. Il décide alors de vivre à Paris jusqu’en 1816, où il publie plusieurs articles (« Élément »,  « Extase », « Force musculaire », « Crânioscopie ») dans le Dictionnaire des Sciences médicales.

De retour dans sa ville natale, il assure une série de cours particuliers sur la pathologie et la thérapeutique. Il n’est nommé professeur à la Faculté de Médecine de Montpellier qu’en 1825. Il meurt cependant très prématurément à Montpellier âgé de 39 ans.

Mais l’oeuvre léguée par Joseph-Frédéric Bérard est conséquente, et prend forme avec quelques articles publiés dans la Revue médicale dans lesquels il compare ses principes avec ceux des autres écoles d’Europe.

Il rédige également son premier ouvrage intitulé Doctrine médicale de l’Ecole de Montpellier et comparaison de ses principes avec ceux des autres écoles d’Europe.

L’ouvrage qu’il publie n’est cependant que le résultat d’ambitions trop grandes dans la mesure où son objectif initial reposait sur la fondation d’un journal qui aurait été la représentation des doctrines de l’école de Montpellier. On y voit alors sa volonté s’exporter dans les autres écoles, mais non secondé par les autres professeurs, il se voit obligé de se résigner à un ouvrage qu’il divise en plusieurs tomes, dont seul le Tome I sera publié.

Ce bilan mitigé l’amène à revenir à Paris de 1823 à 1825 avant d’être nommé professeur à Montpellier. Ces deux années seront riches intellectuellement pour Joseph-Frédéric Bérard qui rédige la Doctrine des rapports du physique et moral, publié en 1823 ; ouvrage dans lequel il expose toutes ses idées philosophiques autour de la physiologie intellectuelle et de la métaphysique.

Edition Gabon et Compagnie, Paris, 1823

C’est dans cet ouvrage que Bérard montre l’importance qu’il accorde à la philosophie comme créatrice de la science : « La philosophie classe et généralise les faits ». Bérard esquisse alors une méthode d’expérimentation appliquée aux sciences physiologiques constamment en rapport avec une ligne directrice philosophique. Il s’attarde à expliquer que la vie est constituée de phénomènes, de forces qui se rattachent à « quelque chose de positif », indéterminable par l’Homme, d’où sa méthodologie stricte pour l’étude des sciences physiologiques, le reste n’étant « qu’un roman qui s’appuie sur la prétention absurde de connaitre directement l’objectif de la vie ». La riche composition de son livre tend à enlever au cerveau et aux nerfs toutes les facultés qui ne les rattachent pas exclusivement à la vie purement végétative.

Mais la santé de Joseph-Frédéric Bérard se voit rapidement faiblir, avant même sa nomination en tant que professeur à Montpellier. Avant de commencer les cours, il rédige ce qui sera son dernier ouvrage : son discours d’ouverture intitulé L’amélioration progressive de l’espèce humaine par les progrès de la civilisation (1826).

C’est le  16 avril 1828 qu’il meurt chez lui, dans la rue de l’Hirondelle, à Montpellier, où il laisse en manuscrit L’Esprit des doctrines médicales de Montpellier, imprimé en 1830, faisant office de continuité à son premier ouvrage.

Cependant, le génie de Bérard perdure dans le temps avec son successeur Anselme JAUMES qui a su prolonger son oeuvre dans l’étude des causes, jusqu’à en être le premier à enseigner l’étiologie. On peut donc souligner la place qu’a su occuper l’esprit de Joseph-Frédéric Bérard dans le temps au sein de l’université de médecine de Montpellier par le biais de cette chaire de haute philosophie médicale qui aura vu plusieurs successeurs.

 

Sources :

  • Pierre CLERC, Dictionnaire de biographie héraultaise : des origines à nos jours, 2010, p. 224
  • Société de médecins, Archives générales de médecine, Volume 18, Béchet et Migneret, Paris, 1828, p.456-465
  • Frédéric Joseph BÉRARD, Doctrine des rapports du physique et du moral, Gabon et Compagnie, Paris, 1823

Lilian Estradé