SMITH Juliana et Maria

Juliana SMITH et Maria SMITH, épouse CAMPBELL-STEWART

Le long de l’allée qui suit la porte principale du cimetière protestant, on découvre, presque au fond sur la droite, un beau sarcophage de style dorique : c’est la concession de deux soeurs américaines.

Sarcophage SMITH (Juliana et Maria SMITH) Sect. H)

Elles sont les filles du juge Thomas Smith (1745-1809), magistrat à la Cour suprême de Pennsylvanie, et de Letitia van DEREN (1759-1811).

Le couple eut dix enfants : Eliza (1782-1857), épouse de George Jones ; Williamina (1787-1864) ; Letitia (1792-1832) ; Rebecca (1793-1855) ; William (1796) ; Thomas (1797) ; Sophia (1798-1829) ; George Washington (1800-1876).

Maria SMITH est la seconde fille du couple, née à Carlisle, en Pennsylvanie aux Etats-Unis, le 10 mai 1784. Elle avait épousé le 30 mai 1820 Frederick CAMPBELL-STEWART (1787-1827).

Frederick n’était pas un inconnu dans la famille : il avait épousé en premières noces Anna Maria Van Deren (1785-1819), une nièce de Letitia Smith, dont il avait eu une fille Mary (1811-1829). Une autre fille naquit de cette nouvelle union : Letitia, née en France, à Toulon le 1er mars 1822 et morte à l’âge de 8 ans en 1830.

Né à Westmoreland en Virginie, Frederick était le fils de John Campbell. Lorsqu’il hérita en 1815 de son grand-père Archibald MacArthur Stewart de ses biens et de ses titres en Ecosse, il accola le nom de ce dernier à son patronyme, quitta l’Amérique et entreprit les démarches pour obtenir la nationalité britannique, sans se fixer pour autant au Royaume-Uni. Cette succession fit d’ailleurs l’objet de nombreux procès.

Après la mort de sa première femme en 1819, il retourna aux Etats-Unis, où il épousa Maria l’année suivante.

Les jeunes époux décidèrent de partir en Europe, pour essayer de soigner la santé de Frederick, atteint d’hémophilie vraisemblablenent. Pendant sept ans, ils voyagèrent de Londres à Paris, puis en Europe, dans l’espoir de faire retrouver la santé à Frederick ; mais il mourut à Nice le 20 mai 1827. Le 16 mars 1827, son état de santé se dégradant, il avait fait son testament, laissant tous ses biens à sa femme, et notamment son domaine de Pomona en Virginie, et affranchissant ses esclaves noirs.

Ses deux filles, Mary et Letitia, le suivirent malheureusement peu après dans la tombe, respectivement en août 1829 et janvier 1830.

Maria décida alors de demeurer en France.

Sa soeur Juliana SMITH, quatrième enfant du couple, est née dans la même ville cinq ans plus tard, le 8 décembre 1789 ; restée célibataire, elle avait rejoint Maria en France.

Malades, elles avaient décidé de quitter leur château pour se rapprocher de soins médicaux et choisi Montpellier, dont la réputation de la Faculté de médecine était depuis longtemps établie. Elles s’installent à l’Hôtel Nevet, mais elles y décèdent à quelques jours d’intervalles, Maria le 30 janvier 1867 à 82 ans, et Juliana le 6 février 1867 à 76 ans.

C’est leur neveu, George Wymberley Jones De Renne, qui vint à Montpellier et organisa les funérailles : elles furent inhumées côte à côte sous ce beau sarcophage orné des deux inscriptions bibliques suivantes :

« Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour eux, qui sont en Jésus-Christ, qui marchent non selon la chair mais selon l’esprit » (Epître de Saint Paul aux Romains, chap. VIII, verset 1).

« Heureux sont dès à présent les morts qui meurent au Seigneur ! Oui, dit l’Esprit, car ils se reposent de leurs travaux et leurs oeuvres les suivent » (Apocalypse, chap. XIV, verset 15).Juliana SMITH (1789-1867) (Sect. HH)

Ce monument, unique dans le cimetière, est à l’imitation de l’un des tombeaux les plus célèbres de l’Antiquité, le tombeau de Scipion.

Ce tombeau est celui de L. Cornélius Scipio Barbatus, consul en 298 av. J.-C., qui prit plusieurs places dans le Samnium et conquit la
Lucanie. Trouvé en 1780 et conservé à Rome au musée Pio-Clémentin, il s’agit du plus ancien monument sépulcral dont on ait la date et offre l’inscription la plus ancienne qui existe en langue latine.

Le tombeau de Scipion inspira l’art funéraire du XIXe siècle : c’est ainsi qu’il figure à de nombreux exemplaires au cimetière du Père-Lachaise à Paris. C’est le modèle pris pour Louis Barthou, président du Conseil en 1913, assassiné à Marseille en même temps que le roi Alexandre Ier de Yougoslavie. C’est aussi le monument qui abrite la tombe du peintre Eugène Delacroix, sculpté dans la pierre de Volvic, une lave noire dont on obtient un poli particulier.

Tombeau d'Eugène Delacroix

Tombeau d’Eugène Delacroix

Source : William Harris Bragg, De Renne, Three generations of a Georgia Family, 1999.

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